ciseaux à découper l’ADN
Tout commence pourtant dans l’euphorie, en 2012, lorsqu'une Française, Emmanuelle Charpentier, et une Américaine, Jennifer Doudna,
inventent les « ciseaux à découper l’ADN ». Ils sont alors présentés
comme une avancée majeure de ce début de siècle. Ses co-découvreuses collectionnent les prix
et sont régulièrement annoncées pour un Nobel. Il faut dire que cette
découverte pourrait permettre de traiter des cancers et des maladies
génétiques jusqu'ici incurables.
CRISPR Cas9, c'est l’association d’un brin d’ARN (de
l’ADN à une seule hélice) qui sert de guide à une enzyme (CAS9)
permettant de couper, remplacer, inactiver, modifier le gène que l’on
cherche à atteindre.

La technique est plus précise, plus rapide et nettement moins chère
que tout ce qu’on utilisait jusque-là. Elle s’est donc répandue comme
une trainée de poudre : plus de 3000 laboratoires dans le monde
utilisent cette technologie.
André Choulika, le créateur de Cellectis, une des entreprises françaises les plus innovantes du secteur, est très enthousiaste :
C’est un truc complètement fou ! L’édition de génome est une révolution qui va secouer la planète, à une profondeur dont on n'a même pas idée.
André Choulika pense par exemple que l'on va pouvoir créer des espèces. Aux Etats-Unis, on imagine déjà reconstituer des espèces disparus. George Church, de l’université de Harvard, affirme qu’il peut « ressusciter » un mammouth laineux.
D’après lui, dans quelques années, on pourra récupérer de l’ADN dans
les restes d’un mammouth congelé, et en le combinant à celui d’un
éléphant d’Asie, on pourra faire revivre cette espèce disparue il y a
4000 ans.
Certains scientifiques ont déjà mis leurs idées en pratique sur des
animaux. Une équipe chinoise a donné naissance à des chiens nés avec le double de leur masse musculaire habituelle.
Aux États-Unis, une entreprise du Minnesota a créé des vaches laitières sans cornes.
De leur côté, des chercheurs californiens ont réussi à améliorer la
vision chez des rats atteints d’une forme de cécité d’origine
héréditaire. A chaque fois, l’utilisation de CRISPR Cas9 a été décisive.
Après les animaux, les laboratoires ne vont pas tarder à faire leurs
premières applications à l'homme. En novembre 2016, une équipe chinoise a
annoncé de premiers essais
dans le cadre d’un traitement contre une forme de cancer. Une équipe
britannique a quant à elle obtenu l’autorisation de mener des
expériences sur des embryons humains. Mais pour l'instant, il s’agit de
faire de la recherche : pas question de produire un « bébé génétiquement
modifié ».