Clearview AI, la société de reconnaissance faciale qui surveille les Américains
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À l’origine de Clearview se trouve un Australien de 31 ans, Hoan
Ton-That, arrivé aux États-Unis en 2007. Après quelques tentatives sans
succès pour développer des applications, dont l’une en 2015 permettait
d’insérer sur ses photos la chevelure de Donald Trump, Hoan Ton-That
rencontre en 2016 un ancien collaborateur de l’ex-maire républicain de
New York, Richard Schwartz.
Ensemble ils fondent Clearview pour exploiter la technologie de la
reconnaissance faciale. Ils parviennent à développer un outil appelé
SmartChekr en 2017 et attiré des investisseurs tels que Peter Thiel,
connu pour avoir investi dans Facebook à ses débuts.
Les deux hommes tâtonnent encore pour vendre leur technologie. Ils
décident bientôt de se tourner vers les forces de l’ordre en utilisant
notamment le carnet d’adresses de Richard Schwartz. En 2019 la police de
l’Indiana parvient à résoudre en 20 minutes une affaire d’agression à
main armée captée par la vidéosurveillance en utilisant la technologie
de Clearview.
Grâce au réseau de Schwartz et à des prix cassés, un forfait de 2 000
dollars pour un an d’abonnement à l’outil développé par Hoan Ton-That
et ses équipes, la réussite de Clearview est fulgurante. La sécurité
intérieure, le FBI, les polices locales, plus de 600 organismes chargés
d’appliquer la loi au travers des États-Unis sollicitent cet outil si
pratique pour résoudre leurs enquêtes.
La protection de la vie privée au cœur des débats
Évidemment lorsque la question de la reconnaissance faciale est
évoquée la principale inquiétude est liée au respect de la vie privée.
De ce point de vue les avis de plusieurs experts interrogés par le New York Times se rejoignent, il faut légiférer, « Nous
avons compté sur l’industrie pour s’autoréguler et ne pas adopter de
technologie aussi risquée, mais les barrages cèdent devant l’argent sur
la table » explique Woodrow Hartzog, professeur de droit et d’informatique à l’université Northeastern, « Je
ne vois pas d’avenir où nous pourrions exploiter les avantages de la
technologie de la reconnaissance faciale sans l’abus désastreux de la
surveillance qui l’accompagne. La seule façon de l’arrêter est de
l’interdire ».
L’interdiction de la reconnaissance faciale par le législateur semble
la seule et unique solution pour ne pas craindre de tomber dans un
monde à la 1984 que commence déjà à devenir la Chine. En cela le projet de l’Union européenne
de bannir la reconnaissance faciale un certain nombre d’années à de
quoi rassurer. Difficile cependant d’imaginer les états ne pas succomber
à utiliser un outil technologique aussi puissant : en France le
gouvernement envisage d’utiliser la reconnaissance faciale pour accéder aux services publics.