Comment la Chine a laissé échapper le coronavirus
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L’homme, un commerçant de 65 ans travaillant dans le
marché couvert de Huanan, est arrivé à l’hôpital central de Wuhan le
16 décembre. Ses deux poumons étaient infectés et il avait de la fièvre,
mais les antibiotiques qu’on lui avait donnés ne produisaient pas
d’effet, raconte Ai Fen, la directrice du département des urgences dans
une interview parue la semaine dernière en chinois et depuis censurée.
Onze
jours plus tard, elle a vu arriver un autre patient présentant des
symptômes similaires, puis cinq autres le lendemain. Ces mystérieuses
pneumonies avaient toutes un lien avec le marché de Huanan, situé à
moins de deux kilomètres de l’hôpital. Au même moment, les autres
centres médicaux de Wuhan subissaient un assaut similaire.
Le patient zéro
Mais
le tout premier cas, celui d’un résident du Hubei âgé de 55 ans, est
apparu le 17 novembre, soit un mois plus tôt que ce qui avait jusqu’ici
été annoncé. De nouvelles données compilées dans un rapport interne du
gouvernement chinois, publiées vendredi dernier par le quotidien
hongkongais South China Morning Post, le prouvent.
Le 20 décembre, il y avait 60 cas. Durant les deux dernières semaines de
l’année, leur nombre s’est mis à grimper de façon exponentielle, pour
atteindre 266 cas au 31 décembre 2019. Perplexe, Ai Fen a envoyé un
échantillon pris sur un patient à un laboratoire à Pékin. Elle a reçu
les résultats le 30 décembre: ils indiquaient une infection avec un
coronavirus affilié au SARS. Désormais alarmée, elle a posté une photo
du rapport médical dans un groupe privé sur le réseau social WeChat, qui
a été partagée par plusieurs de ses collègues, dont l’ophtalmologue Li
Wenliang, par la suite décédé de la maladie.
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