le surprenant rapprochement israélo-sunnite - Challenges.fr

SOURCE Proche-Orient: le surprenant rapprochement israélo-sunnite - Challenges.fr:

L’Arabie saoudite prend la tête d’un front sunnite contre l’Iran chiite et la convergence entre ce front et Israël facilite grandement la réconciliation en cours entre Turcs et Israéliens.



Prenons les faits. La semaine dernière, un représentant spécial du roi Salmane, le souverain saoudien, se trouvait… Oui, à Jérusalem pour des entretiens approfondis avec les dirigeants israéliens. Peu avant, l’Arabie saoudite s’était engagée envers Israël, Etat qu’elle ne reconnaît pas et voue, croyait-on, aux gémonies, à ne jamais bloquer la navigation israélienne à partir des deux îlots du golfe d’Aqaba que l’Egypte s’apprêtait à lui rétrocéder.

L’Arabie saoudite a ainsi repris à son compte l’une des clauses essentielles du traité de paix égypto-israélien de 1979, celui-là même qui avait valu à l’Egypte d’être longtemps mise au ban du monde arabe. Entre temps, un journaliste koweitien de renom avait appelé les capitales arabes à reconnaître Israël sans plus tarder car ce pays, écrivait-il, est une réalité qu’il ne sert à rien de nier. Il n’aurait pas pris cette initiative ou n’aurait, en tout cas, pas été publié si un nouveau climat ne l’y avait pas autorisé.

Un bouleversement majeur est en cours au Proche-Orient où le monde sunnite et Israël se rapprochent, à bas bruit mais grande vitesse. Ce qu’aucun plan de paix n’avait permis en sept décennies de guerre, chaude ou froide, est maintenant rendu possible par le compromis nucléaire auquel sont parvenus les grandes puissances et l’Iran et dont les pays sunnites ne voulaient pas plus qu’Israël.

A quoi jouent les Etats-Unis?
Benjamin Netanyahou était allé jusqu’au bord d’une rupture avec la Maison-Blanche pour tenter de le bloquer. Les Saoudiens avaient vainement appelé leurs alliés américains à plutôt renverser le régime iranien par la force en « coupant la tête du serpent ». Israéliens et Saoudiens se sentent aujourd’hui trahis, abandonnés par les Etats-Unis, par leur protecteur commun auquel ils ne font désormais plus confiance pour leur sécurité car ils les considèrent, au mieux, comme naïfs, au pire comme à la veille d’un retournement d’alliance.

Cet accord sur le nucléaire, disent-ils d’une même voix, ne fera que retarder l’accession de l’Iran à la bombe et que permettre à son régime, maintenant qu’il s’est libéré des sanctions économiques internationales qui le frappaient, de reconstituer ses finances et de relancer ses efforts de déstabilisation du monde sunnite et d’Israël.

Inutile de leur objecter que ce compromis pourrait, bien au contraire, renforcer les ailes pragmatiques et réformatrices de la théocratie iranienne, de courants d’ores et déjà ascendants à Téhéran et qui souhaitent réintégrer leur pays dans l’économie mondiale, l’affirmer en puissance de stabilisation régionale et trouver, pour cela, un modus vivendi avec ses voisins sunnites et Israël.

Tout cela n’est que balivernes, répond-on à Riyad comme à Jérusalem où l’on considère à l’unisson que, bien au-delà des différences d’approche entre ses durs et ses réformateurs, l’Iran aspire à devenir la puissance dominante du Proche-Orient. L’Iran, disent Israéliens et Saoudiens, continuera donc, à la fois, d’utiliser les communautés chiites pour renverser les régimes sunnites et de rechercher une popularité auprès des populations arabes en se posant en meilleur ennemi d’Israël.

Ce débat traverse aussi les capitales européennes et américaine mais, pour l’heure, les hommes d’affaires occidentaux se ruent à Téhéran et, outre son rapprochement de fait avec Israël, l’Arabie saoudite s’emploie très activement à resserrer les rangs du monde sunnite autour d’elle.

Le roi Salmane vient d’être reçu en grande pompe par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui a enterré là tous ses désaccords avec l’Arabie saoudite. Le monarque s’était auparavant rendu en Egypte dont il finance les achats d’armes françaises. Les deux pays ont annoncé à cette occasion qu’ils allaient bâtir entre eux un pont sur la Mer Rouge. Les Saoudiens se sont parallèlement réconciliés avec le Qatar qui était, comme la Turquie, un grand soutien des Frères musulmans honnis à Riyad.

L’Arabie saoudite prend, en un mot, la tête d’un front sunnite contre l’Iran chiite et la convergence entre ce front et Israël facilite grandement la réconciliation en cours entre Turcs et Israéliens.

Brisées par l’arraisonnement meurtrier, en 2010, des bateaux turcs qui avaient tenté de rompre le blocus de Gaza, les très anciennes et très confiantes relations entre Israël et la Turquie pourraient être rétablies avant l’été. C’est du moins ce qu’on dit à Jérusalem comme à Ankara et il y a d’autant plus de raisons d’y croire que Recep Erdogan souhaite ainsi conclure un accord de livraison de gaz israélien pour se libérer de sa dépendance vis-à-vis de la Russie avec laquelle il est à couteaux tirés depuis qu’il a fait abattre l’un de ses avions.

Grâce à ses gisements sous-marins, Israël pourrait devenir un partenaire essentiel et de long terme de la Turquie, de la deuxième des puissances sunnites après l’Arabie saoudite.    
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