Secret des affaires : informer n’est pas un délit





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Secret des affaires : informer n’est pas un délit:

Il y a un loup dans la loi Macron. Le projet de loi actuellement discuté à l’Assemblée nationale contient un amendement, glissé en catimini dans le texte, qui menace d’entraver le travail d’enquête des journalistes et, par conséquent, l’information éclairée du citoyen. 

Sous couvert de lutte contre l’espionnage industriel, le législateur instaure comme nouvelle arme de dissuasion massive contre le journalisme un « secret des affaires » dont la définition autorise ni plus ni moins une censure inédite en France.

Dérives liberticides

Avec ce texte, un juge saisi par l’entreprise sera appelé à devenir le rédacteur en chef de la nation, qui décide de l’intérêt ou non d’une information. Une disposition spéciale prévoit même que la justice puisse empêcher la publication ou la diffusion d’une enquête. 

Dans le cas où le journaliste viole ce « secret des affaires », il encourt trois ans d’emprisonnement et 375 000 euros d’amende. La mise est doublée en cas d’atteinte à « la souveraineté, à la sécurité ou aux intérêts économiques essentiels de la France ». Une triple notion suffisamment vague pour autoriser toutes les dérives liberticides.

Même tarif pour les lanceurs d’alerte, les fameuses sources sans lesquelles certaines affaires ne sortiraient pas. Ce texte inacceptable est mis au vote alors même qu’une loi prévoyant le renforcement de la protection des sources des journalistes a été discrètement enterrée l’été passé.
Nous, journalistes, refusons de nous contenter de recopier des communiqués de presse pour que vous, citoyens, restiez informés. 


Et comme disait George Orwell : « Le journalisme consiste à publier ce que d’autres ne voudraient pas voir publié : tout le reste n’est que relations publiques. » C’est pourquoi nous demandons le retrait pur et simple de ce texte.


Signataires :
Fabrice Arfi (Mediapart), Patrick Boitet (Un œil sur la planète), Jean-Pierre Canet, Guilaine Chenu et Françoise Joly (Envoyé spécial), Hervé Demailly (Conférence des écoles de journalisme), Laurent Léger (Charlie Hebdo), Elise Lucet (France 2), François-Xavier Ménage (Capital), Paul Moreira et Luc Hermann (Premières lignes), Serge Marti (président de l'Association des journalistes économiques et financiers), Christophe Nick (Yami 2), Antoine Peillon (La Croix), Edwy Plenel (Mediapart).

Les équipes de Cash Investigation, Tony Comiti, Complément d’enquête, Pièces à conviction, Spécial investigation, Zone interdite, Enquête exclusive.

Les sociétés des journalistes et les sociétés des rédacteurs de l’AFP, BFM, CAPA TV, Europe 1, L’ExpansionL’ExpressLes EchosLe FigaroLe MondeLibérationLe ParisienL’EquipeLa Vie, Les Inrocks, Arte, France 24, France 2, i-Télé, Radio France, RFI, RMC, France Inter, TF1.

Les agences de presse et sociétés de production :
Brothers Films, Dreamway, KM Prod, Magneto Presse, Mano @ Mano, Memento, Nilaya Productions, Presse and Co, Stp productions, TV Presse, Upside, Yami 2, Spica.

Les écoles de journalisme CELSA (Paris,) CUEJ (Strasbourg), EJCM (Marseille), EJDG (Grenoble), IFP (Paris), IJBA (Bordeaux), IUT de Lannion, IUT de Tours et IUT Nice Côte d'Azur, CFJ (Paris EJT (Toulouse), ESJ Lille, IPJ (Paris) et l’école de journalisme de Sciences Po.








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