La reconnaissance faciale
Cyrille Vanlerberghe
figaro.fr 25/04/2008 | Mise à jour : 21:38 |
Cet été 2008, le contrôle des passeports par les services d'immigration dans les aéroports britannique se fera de manière automatique.
Un ordinateur va comparer le visage du passager avec la version de sa photo d'identité numérisée dans les passeports biométriques.
Les Européens passant par les aéroports du Royaume-Uni cet été devront se soumettre aux regards inquisiteurs de caméras très particulières. La police des frontières britannique va tester un système de reconnaissance faciale pour renforcer les contrôles des passeports, a révélé hier le quotidien The Guardian. «Le dispositif de sécurité aux frontières dont dispose la Grande-Bretagne est un des plus stricts au monde, a expliqué le ministre britannique de l'Immigration Liam Byrne. Mais ce travail de vérification poussé prend du temps, or nous souhaitons éviter les trop longues périodes d'attente. »
Les services de police qui vérifient avec beaucoup de sérieux la photo sur le passeport de chaque personne entrant en Grande-Bretagne vont donc laisser la place à des systèmes automatisés. Il ne s'agit pour le moment que d'une expérimentation qui sera installée dans des aéroports, mais l'essai sera rapidement étendu aux principaux points d'entrée en Grande-Bretagne en cas de succès.
Seuls seront d'abord concernés les citoyens de la zone économique européenne (les pays de l'Union européenne plus la Suisse, la Norvège et l'Islande) qui disposent des nouveaux passeports biométriques, dotés de micropuces. Pour que le système fonctionne, il faut en effet qu'un ordinateur compare le visage du passager avec la version numérisée de sa photo d'identité. Ce qui explique pourquoi les critères de prise de vue pour les photos d'identité sont devenus très sévères depuis quelques années : interdiction de sourire, d'ouvrir la bouche ou d'apparaître devant un fond autre que blanc.
Malgré l'augmentation régulière de la puissance de calcul des ordinateurs, la reconnaissance faciale est l'exercice le plus difficile en biométrie. Les empreintes digitales, palmaires ou même les formes de l'iris ou de la rétine sont en revanche des motifs facilement enregistrables et reconnaissables de manière informatique.
Le visage est beaucoup plus difficile à cerner. Il est mobile et facilement déformable, ce qui le rend si apte à transmettre les sentiments pour nous autres êtres humains. Mais pour un ordinateur, la même personne qui sourit ou qui pleure sera très différente : la géométrie n'est plus du tout la même. D'autre part, une barbe, quelques rides de plus ou de moins, sans parler d'une cicatrice mal placée, peuvent aussi transformer un visage. Malgré les difficultés inhérentes de l'exercice, les progrès sont réguliers. Certains logiciels utilisent des critères de reconnaissance de la géométrie, la position des yeux, du nez, des sourcils et de la bouche, d'autres comparent les contours des formes qui présentent le plus de contrastes, joues, ailes du nez, menton.
Autour de 30 % de succès
Il y a peu, des chercheurs de l'université de Glasgow ont prétendu avoir obtenu pour la première fois 100 % de réussite avec leur logiciel de reconnaissance faciale. Ils ont réussi à écarter les problèmes d'éclairage, de variations dans les expressions ainsi que les différences dues à l'âge en réalisant une «image moyenne» de la personne à partir de plusieurs clichés. Si ce succès en laboratoire est prometteur, la plupart des essais en conditions réelles sont à ce jour décevants.
L'année dernière, la police allemande a effectué des tests dans la gare de Mayence avec trois systèmes concurrents, et aucun, même dans les meilleures conditions d'éclairage possible, n'a réussi à dépasser 60 % de succès, la moyenne étant autour de 30 %. Ce qui est loin d'être suffisant. Les expériences dans des stades, où les personnes sont assises, et donc moins mobiles que dans une gare, ne sont pas plus concluantes.
Dans les aéroports britanniques, dans des conditions d'éclairage contrôlées, avec des passagers passant un par un sans lunettes de soleil, ni chapeau ni casquette, l'exercice devrait être plus facile que de tenter de repérer un visage dans une foule. À condition de ne pas sourire et de ne pas faire de grimaces devant la caméra
figaro.fr 25/04/2008 | Mise à jour : 21:38 |
Cet été 2008, le contrôle des passeports par les services d'immigration dans les aéroports britannique se fera de manière automatique.
Un ordinateur va comparer le visage du passager avec la version de sa photo d'identité numérisée dans les passeports biométriques.
Les Européens passant par les aéroports du Royaume-Uni cet été devront se soumettre aux regards inquisiteurs de caméras très particulières. La police des frontières britannique va tester un système de reconnaissance faciale pour renforcer les contrôles des passeports, a révélé hier le quotidien The Guardian. «Le dispositif de sécurité aux frontières dont dispose la Grande-Bretagne est un des plus stricts au monde, a expliqué le ministre britannique de l'Immigration Liam Byrne. Mais ce travail de vérification poussé prend du temps, or nous souhaitons éviter les trop longues périodes d'attente. »
Les services de police qui vérifient avec beaucoup de sérieux la photo sur le passeport de chaque personne entrant en Grande-Bretagne vont donc laisser la place à des systèmes automatisés. Il ne s'agit pour le moment que d'une expérimentation qui sera installée dans des aéroports, mais l'essai sera rapidement étendu aux principaux points d'entrée en Grande-Bretagne en cas de succès.
Seuls seront d'abord concernés les citoyens de la zone économique européenne (les pays de l'Union européenne plus la Suisse, la Norvège et l'Islande) qui disposent des nouveaux passeports biométriques, dotés de micropuces. Pour que le système fonctionne, il faut en effet qu'un ordinateur compare le visage du passager avec la version numérisée de sa photo d'identité. Ce qui explique pourquoi les critères de prise de vue pour les photos d'identité sont devenus très sévères depuis quelques années : interdiction de sourire, d'ouvrir la bouche ou d'apparaître devant un fond autre que blanc.
Malgré l'augmentation régulière de la puissance de calcul des ordinateurs, la reconnaissance faciale est l'exercice le plus difficile en biométrie. Les empreintes digitales, palmaires ou même les formes de l'iris ou de la rétine sont en revanche des motifs facilement enregistrables et reconnaissables de manière informatique.
Le visage est beaucoup plus difficile à cerner. Il est mobile et facilement déformable, ce qui le rend si apte à transmettre les sentiments pour nous autres êtres humains. Mais pour un ordinateur, la même personne qui sourit ou qui pleure sera très différente : la géométrie n'est plus du tout la même. D'autre part, une barbe, quelques rides de plus ou de moins, sans parler d'une cicatrice mal placée, peuvent aussi transformer un visage. Malgré les difficultés inhérentes de l'exercice, les progrès sont réguliers. Certains logiciels utilisent des critères de reconnaissance de la géométrie, la position des yeux, du nez, des sourcils et de la bouche, d'autres comparent les contours des formes qui présentent le plus de contrastes, joues, ailes du nez, menton.
Autour de 30 % de succès
Il y a peu, des chercheurs de l'université de Glasgow ont prétendu avoir obtenu pour la première fois 100 % de réussite avec leur logiciel de reconnaissance faciale. Ils ont réussi à écarter les problèmes d'éclairage, de variations dans les expressions ainsi que les différences dues à l'âge en réalisant une «image moyenne» de la personne à partir de plusieurs clichés. Si ce succès en laboratoire est prometteur, la plupart des essais en conditions réelles sont à ce jour décevants.
L'année dernière, la police allemande a effectué des tests dans la gare de Mayence avec trois systèmes concurrents, et aucun, même dans les meilleures conditions d'éclairage possible, n'a réussi à dépasser 60 % de succès, la moyenne étant autour de 30 %. Ce qui est loin d'être suffisant. Les expériences dans des stades, où les personnes sont assises, et donc moins mobiles que dans une gare, ne sont pas plus concluantes.
Dans les aéroports britanniques, dans des conditions d'éclairage contrôlées, avec des passagers passant un par un sans lunettes de soleil, ni chapeau ni casquette, l'exercice devrait être plus facile que de tenter de repérer un visage dans une foule. À condition de ne pas sourire et de ne pas faire de grimaces devant la caméra