BLOOM le ChatGpt francais

ENTRETIEN - Dans une interview à Capital, Laurence Devillers, professeur d’intelligence artificielle à la Sorbonne, chercheur au CNRS et auteure de l’essai Les robots émotionnels (Editions de l’Observatoire), livre sa vision de cette nouvelle révolution numérique qui se déroule sous nos yeux.
Par Stéphane Barge
Publié le 10/02/2023 à 14h48

Il y a BLOOM  et chatgpt qui est 
un joli coup de marketing. Il faut d'abord bien comprendre ce que chatGPT a sous le capot : des tonnes de textes, digérés par ses algorithmes Generative Pre-Trained Transformer 3. Ceux-ci reposent sur des réseaux de neurones, une technique bien connue des experts en intelligence artificielle, qui vise à imiter de façon très schématique certains mécanismes du cerveau humain.

La nouveauté avec ChatGpt, c'est que cette appli dispose d’une capacité de calcul incomparable et surtout, de corpus gigantesques, puisés en 2021 dans Wikipedia et sur le web. Ces données qui irriguent son réseau neuronal pourvu de 175 milliards de paramètres constituent sa matière première pour produire des textes qui imitent le langage humain au point souvent de bluffer ses utilisateurs. Pourtant, j'insiste, l'intelligence de ChatGpt est un mythe. Il n'y a aucun raisonnement, ce chatbot opère essentiellement par calcul de probabilité pour choisir ses mots. C'est à peu près le même principe que votre smartphone lorsqu'il suggère automatiquement une réponse à un message ou le prochain mot d'un SMS.

Notre Vieux-Continent peut-il rivaliser dans ce domaine ?

Laurence Devillers :  On en parle peu, mais la France a commencé à bâtir son propre ChatGpt depuis l'été 2021. avec Bloom, un projet de science ouverte et participative piloté par Hugging Face, une start-up fondée à New-York... par trois Français. Cette intelligence artificielle a été mise au point par un millier de chercheurs, avec le soutien du CNRS, du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche ainsi que de partenaires du domaine privé, des entreprises comme Thalès, Airbus ou Orange. Ce chatbot, capable de s'exprimer en 46 langues, s'appuie une technologie comparable à ChatGPT et s'entraîne sur le supercalculateur Jean-Zay, le plus puissant d'Europe, basé à Saclay.

Capital : Quand les Etats-Unis et la Chine sont en mode business, l'Europe en est encore à la phase de recherche…


Laurence Devillers : L'intelligence artificielle ne doit pas seulement être appréhendée comme un business mais comme un véritable phénomène de société, sur le point de chambouler notre quotidien. L'intérêt de Bloom est qu'il est en open-source quand les Gafam font de leurs logiciels des boîtes noires, avec des mécanismes conçus dans leur arrière-cuisine. Cette opacité n'est pas tolérable. On ne peut pas faire confiance à une intelligence artificielle sans connaître son mode de fonctionnement.

l'intelligence artificielle dispose d'un gros pouvoir de manipulation. Je l'ai mesuré pour la première fois il y a quelques années en co-développant de petits robots qui parlent, dans le but de tenir compagnie et d'assister les personnes âgées dans leur quotidien. Sans garde-fou, rien n'empêcherait des développeurs d'avoir une arrière-pensée mercantile, en programmant le droide pour qu'il conseille à une vieille dame d'acheter je ne sais quelle crème rajeunissante, par exemple.

Source :

https://www.capital.fr/entreprises-marches/bloom-lintelligence





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