BLOOM le ChatGpt francais
Notre Vieux-Continent peut-il rivaliser dans ce domaine ?
Laurence Devillers : On en parle peu, mais la France a commencé à bâtir son propre ChatGpt depuis l'été 2021. avec Bloom, un projet de science ouverte et participative piloté par Hugging Face, une start-up fondée à New-York... par trois Français. Cette intelligence artificielle a été mise au point par un millier de chercheurs, avec le soutien du CNRS, du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche ainsi que de partenaires du domaine privé, des entreprises comme Thalès, Airbus ou Orange. Ce chatbot, capable de s'exprimer en 46 langues, s'appuie une technologie comparable à ChatGPT et s'entraîne sur le supercalculateur Jean-Zay, le plus puissant d'Europe, basé à Saclay.
Capital : Quand les Etats-Unis et la Chine sont en mode business, l'Europe en est encore à la phase de recherche…
Laurence Devillers : L'intelligence artificielle ne doit pas seulement être appréhendée comme un business mais comme un véritable phénomène de société, sur le point de chambouler notre quotidien. L'intérêt de Bloom est qu'il est en open-source quand les Gafam font de leurs logiciels des boîtes noires, avec des mécanismes conçus dans leur arrière-cuisine. Cette opacité n'est pas tolérable. On ne peut pas faire confiance à une intelligence artificielle sans connaître son mode de fonctionnement.
l'intelligence artificielle dispose d'un gros pouvoir de manipulation. Je l'ai mesuré pour la première fois il y a quelques années en co-développant de petits robots qui parlent, dans le but de tenir compagnie et d'assister les personnes âgées dans leur quotidien. Sans garde-fou, rien n'empêcherait des développeurs d'avoir une arrière-pensée mercantile, en programmant le droide pour qu'il conseille à une vieille dame d'acheter je ne sais quelle crème rajeunissante, par exemple.
Source :
https://www.capital.fr/entreprises-marches/bloom-lintelligence