La fin du journalisme
Le 16 février 1999, Action Critique Médias recevait Ignacio Ramonet, universitaire, directeur du Monde diplomatique, auteur de La Tyrannie de la communication (éd. Galilée). Voici des extraits (parus dans le Bulletin n° 5 d’Acrimed) de l’intervention d’Ignacio Ramonet et du débat qui a suivi.
Trois sphères sont en train de fusionner :
la sphère de l’information,la communication (le discours publicitaire, la propagande, le marketing, les relations publiques…), et celle de la culture de masse, c’est-à-dire une culture soumise par définition aux lois du marché, et qui se soumet à la sélection du marché. Plus précisément, l’une de ces sphères, celle de la communication, absorbe les deux autres. Il est de plus en plus difficile de distinguer ce qui relève de l’information, de la communication ou de la culture de masse.
De plus en plus, un discours publicitaire et un titre de journal sont imaginés sur le même principe : accrocher, prendre des licences parfois importantes par rapport au contenu. L’effet de communication compte plus que l’effet d’information. Ce qui compte c’est d’avoir un contact ? qu’il soit visuel ou sémantique, etc. ? avec celui qui lit.
Trois qualités de l’information
Dans l’information, la communication ou la culture de masse, trois qualités sont recherchées :
-la simplicité ;
-la rapidité (des textes courts, des spots...) ;
-la distraction, l’amusement.
Ces trois qualités traditionnelles de la culture de masse ont colonisé peu à peu le discours
du marketing, de la publicité et aujourd’hui les médias d’information, même les plus sérieux, gagnés par l’idée de séduire.
Il faut faire le beau pour attirer le public.
Trois caractéristiques de l’information
- La surabondance :
il n’y a jamais eu autant d’information à notre portée.
Mais la surinformation peut provoquer de la désinformation. Il existe une censure démocratique. Actuellement, le système censure par surproduction, par asphyxie de celui qui consomme.
- La vitesse :
C’est un des paramètres traditionnels de l’information. Une information rapide est toujours plus intéressante qu’une information lente. Aujourd’hui, nous avons atteint la vitesse maximale : celle de la lumière, c’est l’instantanéité. Informer ce n’est pas répondre à des questions, c’est faire assister à l’événement.
- L’information est essentiellement une marchandise.
La valeur d’une information ne dépend pas de la vérité mais du nombre de personnes susceptibles de s’y intéresser, de son marché. Cette loi est la vraie trieuse de l’information.Donc elle est davantage soumise aux lois du marché qu’aux lois de l’information.
extrait source Acrimed