REPÉRER DES LOCATAIRES EN DIFFICULTÉS PSYCHIQUES


Une recherche a permis d'évaluer une grille de « signaux profanes », repérables par les bailleurs sociaux, qui pourrait contribuer au repérage précoce de troubles psychiatriques.

Depuis 2017, deux équipes de psychiatrie dédiées aux bailleurs sociaux (Eliahs) interviennent dans deux arrondissements de Paris (13e et 20e) pour prévenir les situations de crise et favoriser le maintien dans le logement des locataires. La mise en place de ce dispositif s’est accompagnée d’une recherche pour estimer l’association de signaux « profanes » détectés par les bailleurs et, d’une part, leur estimation de la détresse psychologique du locataire et, d’autre part, la présence de troubles psychiatriques évalués par un psychiatre. Lors de chaque signalement à l’équipe dédiée, les bailleurs ont complété une fiche standardisée recueillant les caractéristiques du locataire ; la description de la situation à l’aide d’une grille de 20 signaux en relation avec le logement, le voisinage ou aux liens avec le bailleur et l’estimation de la détresse psychologique du locataire sur une échelle de 0 à 10.

Suite à la prise de contact avec l’équipe dédiée et après évaluation médicale, 174 situations ont été incluses dans la recherche. La majorité des signalements comportaient plusieurs signaux, le plus souvent récurrents. Les impayés (47 %), les problèmes d’hygiène (41 %), le comportement incohérent, (35 %), l’encombrement du logement (29 %) ou l’agressivité (27 %) étaient les signaux les plus fréquemment rapportés par les bailleurs. Selon eux, les troubles olfactifs et l’incohérence du comportement étaient associés à une plus grande détresse psychologique.

On remarque que les répartitions par signaux différaient selon le diagnostic psychia- trique posé a posteriori : les difficultés de voisinage, notamment en raison de propos ou comportements incohérents, les plaintes et procédures du locataire à l’encontre du bailleur étaient plus fréquentes chez les personnes souffrant de schizophrénie, troubles schizotypiques ou délirants. L’encombrement du logement était, à l’inverse, plus fréquemment rapporté chez les locataires avec troubles de l’humeur.

Cette étude met donc en évidence des associations spécifiques entre des signaux profanes, repérés par les bailleurs sociaux, et certains troubles psychiatriques. Elle valide l’intérêt de la grille pour le repérage précoce des troubles et l’adressage vers des services spécialisés, pour à terme favoriser le maintien dans le logement. Cette grille représente un outil précieux de liaison entre les acteurs.

Des signaux « profanes » décrits par les bailleurs pourraient contribuer au repérage des troubles psychiatriques. GHU Paris psychiatrie et neurosciences, poster présenté au congrès de l’Encéphale, Paris, 2019. Contact : c.boiteux@ghu-paris.fr

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