Comment les lobbies des emballages se cachent derrière des associations anti-déchets






Dans les années 1970 aux États-Unis, la campagne Keep America Beautiful, financée par l’industrie, a mis en avant une vision des déchets focalisée sur la responsabilité individuelle. Elle a mobilisé des centaines de personnes bien intentionnées pour des actions de ramassage de déchets, lesquelles ne se sont probablement jamais rendues compte que derrière cette campagne il y avait les firmes mêmes qui produisaient les emballages et les bouteilles qui constituaient la majorité des déchets ramassés – et qui s’opposaient parallèlement aux politiques publiques favorisant le recyclage et la réutilisation. Dans le monde imaginaire mis en scène par Keep America Beautiful, les emballages et produits jetables à usage unique ne posaient pas vraiment de problèmes aussi longtemps qu’ils étaient bien mis dans la bonne poubelle.
Il est bien moins coûteux et bien plus commode pour ces industriels de déplacer l’attention vers les consommateurs et la responsabilité individuelle en matière de déchets que de modifier leurs pratiques de production et d’emballage. On ne s’étonnera donc pas que l’industrie des emballages et ses clients dans le secteur de l’alimentation et de la boisson soutiennent de nombreuses campagnes de sensibilisation anti-déchets partout en Europe. Ils y trouvent de nombreux avantages, à commencer par celui de donner à leurs produits plastiques un vernis vert de respectabilité environnementale. Mais cette tactique a également des objectifs plus insidieux, en particulier celui de modifier la perception populaire et politique du problème des déchets, et notamment du plastique et des emballages à usage unique. Mettre la collecte des déchets, aussi importante soit-elle, au centre du débat revient à déplacer la responsabilité de s’attaquer au problème vers les collectivités locales et les citoyens, plutôt que vers les industriels. Et donc d’éviter des mesures politiques plus radicales – comme celles rendant les industriels responsables de leurs produits sur toute leur durée de vie – qui pourraient nuire à leur taux de profit.

La crise du plastique

Nous sommes submergés par le plastique. Selon Science Magazine, 8,3 milliards de tonnes de plastique vierge auraient été produites à ce jour, dont la grande majorité a fini par se retrouver dans des décharges ou dans l’environnement naturel, où il mettra des siècles à se décomposer. Un rapport du World Economic Forum suggère qu’il y aura davantage de plastique que de poissons (en masse) dans nos mers et océans d’ici 2050. La dépendance des producteurs de plastique envers les hydrocarbures, matière première nuisible au climat à laquelle ils ajoutent des substances chimiques toxiques, a des impacts incalculables sur nos corps et sur l’environnement. Il est difficile d’exagérer l’échelle du défi auquel nous sommes confrontés, celui de réduire drastiquement notre utilisation de plastique, et de le réutiliser et le recycler autant que possible.
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