Comment les lobbies des emballages se cachent derrière des associations anti-déchets... | Corporate Europe Observatory
Comment les lobbies des emballages se cachent derrière des associations anti-déchets... | Corporate Europe Observatory:
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La traduction en français de notre enquête, légèrement abrégée, vous est proposée par l'Observatoire des Multinationales à l’occasion de la diffusion, ce mardi 11 septembre, d’un épisode du magazine télévisé Cash investigation consacré aux manipulations des industriels du plastique.
Lisez aussi, sur la France, l'article « Gestes propres » : quand les industriels du plastique culpabilisent les citoyens de l'Observatoire.
Lisez aussi, sur la France, l'article « Gestes propres » : quand les industriels du plastique culpabilisent les citoyens de l'Observatoire.
Presque tout le plastique produit à ce jour continue à exister sous une forme ou une autre : déchets étouffant la vie marine, micro-plastiques avalés par les poissons finissant dans nos assiettes, plastiques dégageant des substances chimiques aux conséquences inconnues...
Le problème ayant désormais atteint les proportions d’une crise globale, la pression de l’opinion publique a mis la lutte contre les déchets plastiques à l’ordre du jour politique. À Bruxelles, Paris, Dublin, Amsterdam ou Londres, les décideurs cherchent des réponses. Mais dès qu’il est question de s’attaquer à la source du problème, ils se heurtent aux industriels du plastique et des emballages et à leurs alliés dans le secteur agroalimentaire.
Il est bien moins coûteux et bien plus commode pour ces industriels de déplacer l’attention vers les consommateurs et la responsabilité individuelle en matière de déchets que de modifier leurs pratiques de production et d’emballage. On ne s’étonnera donc pas que l’industrie des emballages et ses clients dans le secteur de l’alimentation et de la boisson soutiennent de nombreuses campagnes de sensibilisation anti-déchets partout en Europe. Ils y trouvent de nombreux avantages, à commencer par celui de donner à leurs produits plastiques un vernis vert de respectabilité environnementale. Mais cette tactique a également des objectifs plus insidieux, en particulier celui de modifier la perception populaire et politique du problème des déchets, et notamment du plastique et des emballages à usage unique. Mettre la collecte des déchets, aussi importante soit-elle, au centre du débat revient à déplacer la responsabilité de s’attaquer au problème vers les collectivités locales et les citoyens, plutôt que vers les industriels. Et donc d’éviter des mesures politiques plus radicales – comme celles rendant les industriels responsables de leurs produits sur toute leur durée de vie – qui pourraient nuire à leur taux de profit.
La crise du plastique
Nous sommes submergés par le plastique. Selon Science Magazine, 8,3 milliards de tonnes de plastique vierge auraient été produites à ce jour, dont la grande majorité a fini par se retrouver dans des décharges ou dans l’environnement naturel, où il mettra des siècles à se décomposer. Un rapport du World Economic Forum suggère qu’il y aura davantage de plastique que de poissons (en masse) dans nos mers et océans d’ici 2050. La dépendance des producteurs de plastique envers les hydrocarbures, matière première nuisible au climat à laquelle ils ajoutent des substances chimiques toxiques, a des impacts incalculables sur nos corps et sur l’environnement. Il est difficile d’exagérer l’échelle du défi auquel nous sommes confrontés, celui de réduire drastiquement notre utilisation de plastique, et de le réutiliser et le recycler autant que possible.
La lutte contre les plastiques à utilisation unique est plus que jamais à l’ordre du jour : la Commission européenne a récemment organisé une consultation en vue de restreindre les plastiques à utilisation unique, encouragée en cela par le succès de mesures européennes antérieures pour réduire l’usage des sachets plastiques : en Angleterre par exemple, le nombre de sachets plastiques utilisés a chuté de 80%. La France a interdit les assiettes et verres en plastique non compostables, et plusieurs pays réfléchissent à la réintroduction de dispositifs de consigne.
L’industrie n’a pas tardé à lancer la contre-attaque. Réticente à remettre en cause des modèles commerciaux très lucratifs, basés sur la fabrication sans fin de toujours plus de produits jetables et à usage unique, qu’il s’agisse de tasses à café, de fourchettes en plastique, de containers pour aliments à emporter ou de bouteilles, et désireuse de dénier toute responsabilité vis-à-vis de ces produits dès qu’ils ont quitté l’usine ou le magasin, elle cherche à rejeter la faute sur d’autres.
On retrouve ici la pratique économique classique consistant à maximiser ses profits en externalisant ses coûts – en l’occurrence en se déchargeant des impacts négatifs de la production de plastique et des déchets qui en résultent sur la société et l’environnement. En préservant ce modèle, l’industrie évite de devoir payer intégralement le vrai coût de sa production de plastique. Sa tactique consiste dès lors à détourner l’attention du vrai problème en en rejetant la responsabilité sur d’autres.
C’est une décision calculée de la part du lobby du plastique que de mettre les déchets sauvages et leur collecte au cœur du débat, de manière à ce que l’attention se tourne vers l’action à entreprendre par les consommateurs et les autorités locales. Les industriels peuvent même chercher à améliorer leur image environnementale en choisissant volontairement de financer des actions de ramassage de déchets ou des campagnes de sensibilisation du grand public, tout en détournant l’attention des politiques publiques plus ambitieuses qui pourraient être mises en œuvre pour lutter contre les déchets plastiques...
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