Le plan NRBC contre un risque chimique qui semble se préciser

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Paris, France — Le 19 novembre 2015, devant l’Assemblée Nationale, le Premier Ministre, Manuel Valls a évoqué pour la première fois un risque d’attaque du pays par des armes chimiques ou bactériologiques.
Dès le 15 novembre, soit deux jours après les attaques multisites de Paris, un arrêté a été publié au Journal Officiel dans le but de mettre à la disposition des Samu du sulfate d’atropine (40 mg/20 mL), l’antidote spécifique des intoxications aiguës par les anti-cholinestérases (insecticides organophosphorés, neurotoxiques et carbamates) ou par des médicaments parasympathomimétiques ou cholinomimétiques [1].
C’est la Pharmacie centrale des armées qui a été chargée d’approvisionner l’Etablissement de Préparation et de Réponse aux Urgences Sanitaires (Eprus) qui secondairement mettra à disposition des Samu le sulfate d’atropine.
Un risque NRBC (Nucléaire, Radiologique, Bactériologique, Chimique) est donc désormais identifié et la réponse à ce risque est incluse dans le Plan blanc et les plans spécifiques : Biotox, Piratox et Piratome [2].
Poste médical avancé, hôpitaux de référence
En cas d’attaque NRBC, des circuits départementaux et zonaux d’intervention du Samu et des pompiers ont été définis sous la responsabilité des préfets, de la police et de la gendarmerie. Dans un contexte d’alerte chimique, une zone d’exclusion est mise en place, ainsi qu’une zone d’accès contrôlé [3, 4]. Ces zones sont définies en fonction du vent.
Sur les lieux de l’accident, une « médicalisation de l’avant » - prise en charge sur place - doit être réalisée avec déshabillage des victimes par des secouristes ou des soignants protégés par des combinaisons. Un ramassage en « petite noria » (en ambulance) est, dans un premier temps, organisée vers le Poste Médical Avancé situé dans la zone de soutien à distance de l’accident. Les blessés sont ensuite transportés en « grande noria » (convois d’ambulance) vers les centres hospitaliers de référence.
Tous les hôpitaux disposent d’un référent NRBC. En cas de déclenchement d’un plan blanc NRBC, des chaines de décontaminations hospitalières en dur ou mobile sont prévues dans les hôpitaux de référence. Des zones d’accueil, déshabillage, douchage et séchage et rhabillage sont différenciées.
Deux types de victimes ont été individualisées dans les accidents NRBC : les victimes primaires qui se présentent d’elle mêmes ou sont transportées dans les centres hospitaliers et les victimes secondaires par contamination hospitalière (généralement des soignants). C’est ce qui fait parfois dire que « l’hôpital est la véritable cible des attaques NRBC ».
Le retour d’expérience des deux premières attaques
Deux attaques chimiques ont à ce jour été recensées avec certitude. L’analyse du déroulé des fais a permis d’adapter les plans de lutte contre le risque chimique.
Les 5 attentats coordonnés de Tokyo au gaz sarin ont été perpétrés par la secte Aum Shinri Kyo le 20 mars1995. Le comportement immédiat et à distance des victimes et les nombreuses intoxications secondaires du personnel soignant par les vapeurs libérées par les cheveux et les vêtements des victimes (46 % des soignants présents ce jour là) ont fait toute la difficulté de la prise en charge de cet attentat. Dans la première heure qui a suivi l’attentat, 640 personnes se sont présentées – en grande majorité par eux mêmes (541) – à l’hôpital Saint-Luke à 500 m du lieu de l’attaque. Dans la semaine qui a suivi, 770 personnes se sont présentées aux urgences de ce même hôpital. Plus de 80 % des victimes étaient peu gravement atteintes (troubles oculaires traités sans atropine), 18 % étaient modérément atteintes (dyspnées, fasciculations, convulsions traités ou non par atropine injectable) et 1 %, en détresse respiratoire, ont été intubés et traités par atropine.
Le deuxième épisode d’intoxication chimique volontaire a eu lieu à Moscou le 23 octobre 2002 au théâtre de la Doubrovka qui jouait ce jour là une comédie musicale devant un parterre composé de nombreux enfants. Au total, 39 terroristes ont été tués par un gaz inconnu et au moins 129 otages. Ce sont les autorités russes qui avaient injecté le gaz dans la salle pour neutraliser les preneurs d’otage. Dès le début de la prise en charge des survivants, des injections d’atropine ont été réalisées par les soignants, ce qui a mis dans un premier temps sur la piste d’un gaz neurotoxique. Mais il semblerait que le produit utilisé soit plutôt un produit anesthésique dont l’action est théoriquement réversible : l’halothane, un proche du fentanyl [5]. Le retour d’expérience a montré que les victimes intoxiquées n’avaient pas été prises en charge de façon optimale notamment du fait d’un nombre insuffisant d’ambulances et d’une information mal partagée sur les antidotes à utiliser.
L’hypothèse des bombes sales
Depuis juin 2015, l’OTAN a communiqué sur les capacités de l’Etat Islamique à fabriquer des « bombes sales ». Il s’agit de bombes conventionnelles entourées de produits radioactifs destinés à être répendues en poussière au moment de l’explosion. Le but : contaminer la zone la plus large possible située autour du point d’impact [6, 7].

Le risque nucléaire a été pris en compte dans les plans NRBC, mais l’impact sur le terrain de ce type de bombes n’est pas encore connu.


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