Guerre aux moustiques



Moustique femelle du genre <i>Aedes</i>, principal vecteur de la dengue.


OMS | Guerre aux moustiques:

Guerre aux moustiques

La dissémination de moustiques génétiquement modifiés dans l’environnement pour lutter contre la dengue est en passe d’ouvrir un nouveau front dans la guerre contre les maladies à transmission vectorielle. Reportage de Sarah Cumberland.

On estime que 100 millions de personnes contractent la dengue chaque année. Il n’existe ni vaccin ni traitement curatif. Cette infection virale transmise par les moustiques provoque un syndrome de type grippal sévère qui nécessite souvent l’hospitalisation et qui peut évoluer vers la dengue hémorragique, potentiellement mortelle.
Les spécialistes s’accordent à penser que le seul moyen efficace de combattre ou de prévenir cette maladie est de lutter contre son vecteur. Mais la tâche est rendue extrêmement difficile par le fait que le moustique du genre Aedes prolifère en milieu urbain et pique durant la journée. Les œufs peuvent rester en sommeil dans des réservoirs d’où l’eau s’est évaporée, par exemple dans des pneus, ceux-ci étant souvent expédiés dans le monde entier.
 Deux larves de <i>Aedes aegypti </i> apparaissent en rouge ou en vert au microscope à fluorescence car elles sont porteuses d’un gène codant pour une protéine fluorescente.
Oxitec/Nimmo
Deux larves de Aedes aegypti apparaissent en rouge ou en vert au microscope à fluorescence car elles sont porteuses d’un gène codant pour une protéine fluorescente.
Heureusement, les résultats de nombreuses années de travaux scientifiques ouvrent un nouveau front dans la bataille contre ce moustique tenace. D’ici un ou deux ans, une nouvelle sorte de moustique pourrait être lâchée dans l’environnement si son utilisation est approuvée sur les plans de la biosécurité, de l’éthique et de la réglementation et si les communautés y consentent.
Créés dans les laboratoires de l’Université d’Oxford et d’Oxitec, entreprise de biotechnologie située dans le sud de l’Angleterre, ces moustiques mâles de l’espèceAedes aegypti seront destinés à s’accoupler mais pas à se reproduire.
En réalité, la descendance des femelles sauvages avec lesquelles ils s’accoupleront mourra au stade nymphal, le but étant de ramener l’effectif de la population de moustiques autochtones au-dessous du seuil nécessaire pour que la dengue continue à se transmettre.
La suppression de la population d’insectes – selon la technique dite de l’insecte stérile – est une méthode utilisée dans l’agriculture depuis plus de cinquante ans pour lutter contre les ravageurs. Elle consiste à disséminer des insectes élevés en laboratoire et rendus stériles par irradiation. Les femelles autochtones qui s’accouplent avec les mâles stériles ont une descendance non viable, ce qui entraîne un déclin de la population naturelle. Les gouvernements du Guatemala, du Mexique et des États-Unis d’Amérique irradient chaque semaine quelque deux millions de mâles de mouches méditerranéennes des fruits avant de les lâcher dans la nature pour qu’ils s’accouplent. Un autre ravageur, le ver à vis parasite, a ainsi été éradiqué aux États-Unis et dans une grande partie de l’Amérique centrale.
Mais cette technique n’a pas donné de bons résultats avec les moustiques parce que les doses de rayonnement stérilisantes les affaiblit et réduit leur aptitude à rivaliser avec les autres mâles, aspect fondamental de la méthode. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. En collaboration avec des collègues de l’Université d’Oxford, Luke Alphey, fondateur d’Oxitec, où il dirige la recherche, a découvert qu’en insérant un seul gène dans l’ADN de Aedes aegypti, on pouvait obtenir des mâles dont la descendance meurt avant l’âge adult

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