les commandes de masques de protection explosent



MAILLANE (Bouches-du-Rhône) - Dans la moiteur estivale de Maillane, près de Saint-Rémy-de-Provence, le temps n'est pas au repos chez l'un des six producteurs français de masques contre la grippe H1N1: les turbines tournent 24 heures sur 24, 5 jours sur 7, et bientôt 7 jours sur 7.

"Les stocks de FFP2 se vident à une vitesse folle!". Depuis l'apparition en avril de la grippe H1N1, Eric Durant, PDG de la SAS Alltex dans les Bouches-du-Rhône, croule sous les commandes en masques de protection contre le virus.

Le modèle FFP2, dit "bec de canard" en raison de sa forme, a reçu une certification de l'Apave, l'organisme qui certifie et teste les appareils de protection respiratoire, pour son pouvoir de filtration (il arrête 89% des particules).

"Nous produisons 100.000 masques par jour, la demande est parfois de 2 millions/jour, soit 20 fois plus que notre capacité", explique avec satisfaction le chef d'entreprise. Le masque est vendu entre 80 et 85 centimes d'euro l'unité HT, par boîte de 50.

En quelques mois, Alltex, spécialisé dans la fabrication de vêtements et accessoires de protection à usage unique depuis 22 ans, a doublé ses effectifs, passés de 6 à 12 et multiplié "par 3 ou 4" son chiffre d'affaires.

En 2007, M. Durant avait acheté une machine spécialisée en prévision de la grippe aviaire, mais elle avait peu servi. Son salut est venu de la grippe H1N1.

Dans le hangar de 1.000 m2, tout est désormais bien rodé. Grâce à cet appareil performant, 85 masques pour adulte sont produits par minute, 5.000 à l'heure. A utiliser dans un délai de 4 à 5 ans, ces protections sont efficaces jusqu'à huit heures d'affilée.

Le masque se compose de deux couches de filtre Melt Blown enveloppées dans deux couches d'un papier plus épais, le Spun blown, qui en assure la solidité. Introduit dans la machine, une barrette métallique y est incrustée, elle servira à protéger le nez de l'usager.

Le tout est ensuite soudé par ultra-son, découpé, les déchets sont aspirés, les élastiques ajoutés, et le masque plié. En fin de chaîne, reste à mettre manuellement le tout dans un plastique.

Dans la pièce attenante, seules quelques palettes chargées de cartons de masques sont en attente: "tout est déjà parti, nous travaillons à flux tendu", commente Eric Durant.

Dans le local administratif, la cadence des appels téléphoniques fait écho à celle des turbines. Tous reçoivent la même réponse: "Nous n'avons plus de stock, mais il vous reste les ventes flash le mercredi matin via internet".

Après avoir vendu au Mexique, à l'Espagne, à l'Etat français, aux grosses entreprises, aux PME, Alltex refuse aujourd'hui les grosses demandes et pour une commande passée fin août, la société livrera en décembre.

Certains entreprises ou particuliers qui n'ont pu se fournir chez lui se ruent alors vers les quelques pharmacies approvisionnées, comme celle de Sévigné à Marseille.

Mais là, à côté des gels antibactériens, l'étagère est vide. Les 5.000 FFP2 commandés depuis juillet ont été pris d'assaut. "Contrairement aux masques chirurgicaux, donnés aux malades pour éviter de contaminer leurs proches, le FFP2 permet de se prémunir face à l'épidémie", explique le propriétaire Franck Moroni. "Les gens veulent avoir de quoi se protéger".

Conscient que les masques rassurent face à une éventuelle pandémie, le patron d'Alltex affirme "vendre de la sécurité" et entend bien exploiter le filon. Il s'apprête à investir dans une deuxième machine.

(©AFP / 28 août 2009 08h37)

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