Santé : Un médicament pour effacer la peur des souvenirs traumatisants

Une revue scientifique néerlandaise a publié le 15 février dernier les résultats d’une étude sur le propanolol, un médicament bêtabloquant utilisé par des millions de personnes pour contrôler leur tension artérielle, qui pourrait diminuer les peurs associées aux mauvais souvenirs. Les chercheurs en sont encore aux phases d’expérimentation mais cette perspective soulève déjà de vives polémiques éthiques sur le contrôle de la mémoire des individus.

La médecine occidentale pourra-t-elle venir à bout de traumatismes psychologiques ? Une récente étude publiée dans une revue scientifique néerlandaise rapporte les résultats d’une équipe de chercheur qui étudient les propriétés du propanolol sur la peur mémorielle, un médicament bêtabloquant utilisé par des millions de personnes pour contrôler leur tension artérielle.

Afin de démontrer le pouvoir suppressif du propanolol sur les peurs associées aux mauvais souvenirs, l'équipe du professeur Kindt, de l'université d'Amsterdam, a fait visionner à 60 volontaires des images d'araignées associées à un son supérieur à 100 décibels, afin d'entraîner de la peur. Le lendemain, une partie des volontaires ont pris du propanolol et les autres ont reçu un placebo.

Au final, les participants qui avaient pris le médicament ont été moins surpris que ceux sous placebo lorsque les mêmes images associées au son fort leur ont été présentées. Par contre, le souvenir concret, non émotionnel de ces images traumatiques est toujours présent dans les 2 groupes, y compris plusieurs jours après.

Les chercheurs ont conclu que si ce médicament diminue la phase de «consolidation» du souvenir douloureux (crainte, émotion, peur), il n'efface pas ce souvenir. Ces résultats rejoignent ceux d'autres études anglo-saxonnes ayant démontré le rôle atténuant du propanolol sur les souvenirs douloureux des patients en état de stress post-traumatique.

«Cela pourrait avoir des implications importantes pour la compréhension et le traitement des mémoires persistantes qui s'auto perpétuent chez les individus souffrant de troubles émotionnels», concluent les chercheurs. Une découverte qui suscite bien des réactions, certains spécialistes redoutant les conséquences d'une «éradication d'une partie de notre mémoire».

Une polémique éthique est soulevée par ces recherches, sur le bien-fondé d’effacer le traumatisme lié à un souvenir. Concrètement, serait-ce rendre service à une victime de viol ou de torture de garder ce souvenir intact mais d'en oublier la douleur et la crainte ? Cette douleur ne façonne-t-elle pas la personnalité, auquel cas l'ôter ne risque-t-il pas de déstructurer la personne, de l'empêcher de réagir correctement en cas de nouvelle agression ? Enfin, ne risque-t-on pas d'effacer involontairement d'autres souvenirs ?

Publié le 22-02-2009 Source : le point

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