L’AVIATION israélienne a simulé une attaque contre l’Iran
MOYEN-ORIENT / Exercice militaire aérien à grande échelle
Israël manœuvre face à l’Iran
BAUDOUIN LOOS
samedi 21 juin 2008, 00:02
. Qui répond, annonçant une riposte « terrible »…
C’est le New York Times qui, alimenté par des « officiels » anonymes de l’administration américaine, a pu révéler ce vendredi que l’aviation israélienne avait, au début du mois de juin, procédé à des manœuvres militaires aériennes de grande ampleur impliquant plus de cent avions de combat F15 et F16, des avions de ravitaillement, des hélicoptères de secours, et cela à la faveur de vols longs de plus de 1.500 kilomètres. Cette dernière précision atteint sa cible, puisque l’Iran et ses installations nucléaires suspectes se trouvent à environ cette distance.
Selon les sources citées, Israël faisait ainsi d’une pierre deux coups : il mettait en œuvre une utile préparation militaire et il lançait un message clair sur ses intentions aux Américains, aux Européens et aux Iraniens. Venant après la destruction par la même aviation israélienne, le 6 septembre dernier dans le nord de la Syrie, d’une base apparemment nucléaire construite par la Corée du Nord – sans parler de l’anéantissement par Israël d’une centrale nucléaire en construction dans l’Irak de Saddam Hussein en juin 1981 –, le message israélien ne comporte en effet aucune espèce d’ambiguïté.
Bien que le gouvernement israélien eût refusé, vendredi, de confirmer ces informations, les Iraniens ne s’y sont pas trompés, qui ont réagi avec virulence : « Si les ennemis, les Israéliens en particulier et leurs partisans aux Etats-Unis, cherchent à recourir à la force, qu’ils soient certains qu’ils recevront un coup terrible à la figure », a déclaré un important dignitaire religieux, l’ayatollah Ahmad Khatami.
Au petit jeu des déclarations bellicistes – mais peut-on parler d’un jeu ? –, les deux parties n’en finissent plus de compter les points. Pour ne citer qu’un récent exemple, datant du 6 juin, un vice-Premier ministre israélien, Shaoul Mofaz, avait lancé : « Les autres options sont en train de disparaître, les sanctions s’avèrent inopérantes. Si l’Iran poursuit son programme d’armement nucléaire, nous l’attaquerons » ; à quoi le ministre iranien de la Défense, Mostafa Najjar, avait répondu : « Si quiconque ose commettre un tel acte absurde, la riposte sera très douloureuse ».
On le sait, le régime islamiste iranien ne convainc guère quand il s’acharne à présenter son programme nucléaire sous le seul aspect civil (auquel il a droit). En Israël, pour les raisons historiques bien connues, la population vit la situation comme si pesait une lourde menace existentielle.
Et certains « grands » de ce monde emboîtent le pas : l’Américain George Bush déclarait ainsi le 10 juin que « l’Iran avec l’arme nucléaire serait incroyablement dangereux pour la paix dans le monde », ajoutant, sur l’hypothèse d’une attaque israélienne : « Si vous étiez israélien, vous seriez également nerveux ».
Le Français Nicolas Sarkozy, recevant l’Américain quatre jours plus tard, se fendait d’une remarque du même ordre : « La bombe nucléaire iranienne est une menace inacceptable pour la stabilité du monde, surtout rapportée aux déclarations répétées du président de l’Iran ». Il faisait allusion aux abondants propos incendiaires de Mahmoud Ahmadinejad, prompt à vouer « le régime sioniste » à l’anéantissement.
Alors, les Israéliens sont-ils prêts à attaquer l’Iran ? Interrogé par Le Monde jeudi sur la destruction du site syrien suspect en septembre dernier, le ministre israélien de la Défense Ehoud Barak, a eu cette réponse : « Nous vivons dans un environnement rude, où il n’y a pas de pitié pour les faibles. (…) Nos prophètes ont dit qu’à la fin des temps l’agneau et le lion s’allongeraient l’un à côté de l’autre, mais aussi longtemps que les agneaux doivent être remplacés régulièrement, nous préférons être le lion. »
http://www.lesoir.be/
Israël manœuvre face à l’Iran
BAUDOUIN LOOS
samedi 21 juin 2008, 00:02
. Qui répond, annonçant une riposte « terrible »…
C’est le New York Times qui, alimenté par des « officiels » anonymes de l’administration américaine, a pu révéler ce vendredi que l’aviation israélienne avait, au début du mois de juin, procédé à des manœuvres militaires aériennes de grande ampleur impliquant plus de cent avions de combat F15 et F16, des avions de ravitaillement, des hélicoptères de secours, et cela à la faveur de vols longs de plus de 1.500 kilomètres. Cette dernière précision atteint sa cible, puisque l’Iran et ses installations nucléaires suspectes se trouvent à environ cette distance.
Selon les sources citées, Israël faisait ainsi d’une pierre deux coups : il mettait en œuvre une utile préparation militaire et il lançait un message clair sur ses intentions aux Américains, aux Européens et aux Iraniens. Venant après la destruction par la même aviation israélienne, le 6 septembre dernier dans le nord de la Syrie, d’une base apparemment nucléaire construite par la Corée du Nord – sans parler de l’anéantissement par Israël d’une centrale nucléaire en construction dans l’Irak de Saddam Hussein en juin 1981 –, le message israélien ne comporte en effet aucune espèce d’ambiguïté.
Bien que le gouvernement israélien eût refusé, vendredi, de confirmer ces informations, les Iraniens ne s’y sont pas trompés, qui ont réagi avec virulence : « Si les ennemis, les Israéliens en particulier et leurs partisans aux Etats-Unis, cherchent à recourir à la force, qu’ils soient certains qu’ils recevront un coup terrible à la figure », a déclaré un important dignitaire religieux, l’ayatollah Ahmad Khatami.
Au petit jeu des déclarations bellicistes – mais peut-on parler d’un jeu ? –, les deux parties n’en finissent plus de compter les points. Pour ne citer qu’un récent exemple, datant du 6 juin, un vice-Premier ministre israélien, Shaoul Mofaz, avait lancé : « Les autres options sont en train de disparaître, les sanctions s’avèrent inopérantes. Si l’Iran poursuit son programme d’armement nucléaire, nous l’attaquerons » ; à quoi le ministre iranien de la Défense, Mostafa Najjar, avait répondu : « Si quiconque ose commettre un tel acte absurde, la riposte sera très douloureuse ».
On le sait, le régime islamiste iranien ne convainc guère quand il s’acharne à présenter son programme nucléaire sous le seul aspect civil (auquel il a droit). En Israël, pour les raisons historiques bien connues, la population vit la situation comme si pesait une lourde menace existentielle.
Et certains « grands » de ce monde emboîtent le pas : l’Américain George Bush déclarait ainsi le 10 juin que « l’Iran avec l’arme nucléaire serait incroyablement dangereux pour la paix dans le monde », ajoutant, sur l’hypothèse d’une attaque israélienne : « Si vous étiez israélien, vous seriez également nerveux ».
Le Français Nicolas Sarkozy, recevant l’Américain quatre jours plus tard, se fendait d’une remarque du même ordre : « La bombe nucléaire iranienne est une menace inacceptable pour la stabilité du monde, surtout rapportée aux déclarations répétées du président de l’Iran ». Il faisait allusion aux abondants propos incendiaires de Mahmoud Ahmadinejad, prompt à vouer « le régime sioniste » à l’anéantissement.
Alors, les Israéliens sont-ils prêts à attaquer l’Iran ? Interrogé par Le Monde jeudi sur la destruction du site syrien suspect en septembre dernier, le ministre israélien de la Défense Ehoud Barak, a eu cette réponse : « Nous vivons dans un environnement rude, où il n’y a pas de pitié pour les faibles. (…) Nos prophètes ont dit qu’à la fin des temps l’agneau et le lion s’allongeraient l’un à côté de l’autre, mais aussi longtemps que les agneaux doivent être remplacés régulièrement, nous préférons être le lion. »
http://www.lesoir.be/