La Chine en quête de cuivre l'enjeu tibétain

09/05/2008

Le Tibet pourrait contribuer à 25 % de la production globale chinoise.
Pour limiter sa dépendance vis-à-vis de ses importations, la Chine a mobilisé 1 000 géologues pendant sept ans dans un vaste programme d’exploration au Tibet. Pas moins de 15 gisements de cuivre porphyrique ont été identifiés, dont les faibles teneurs (moins de 0,5 %) sont compensées par la présence d’or ou de molybdène. Mais tout n’est pas exploitable. Les gisements les plus prometteurs sont Nixiong (500 Mt de fer) et Yulong (7,89 Mt de cuivre contenu), le deuxième gisement chinois. Avec deux autres porphyres cuprifères dans le Yunnan voisin, ce sont 26,78 Mt qui augmenteraient d’un tiers les réserves de cuivre du pays.

Ces découvertes sont d’autant plus importantes que la Chine a dû augmenter de 25 % ses importations de concentrés en en 2007, à 4,5 Mt soit les trois quarts de ses besoins et importer plus de 4 Mt de scrap. Elle a consommé 4,8 Mt de cuivre en 2007, soit 26,5 % de la consommation mondiale. La demande devrait dépasser 6 Mt en 2009 et 8 Mt en 2012, soit 35 % de la consommation mondiale.

Développer le raffinage

Désireux de limiter ses importations de métal raffiné, l’Etat chinois a encouragé les entreprises locales à développer leurs capacités de raffinage. Mais celles de concentrés s’envolent et les raffineries sont contraintes de diminuer leurs tarifs de fusion/raffinage. « Ce qui par contrecoup affectera la rentabilité des nouvelles raffineries », indique Christian Hocquard, du BRGM.

Le gisement de Yulong produira 30 000 tonnes, puis 100 000 tonnes de cuivre en concentré par an. Si l’onyajoute le projet Xietongmen du canadien Continental Minerals, prévu avec une production annuelle de 52 600 tonnes de cuivre, selon Gerald Panneton, son directeur général, et quelques autres mines de moindre importance, on arrive à un potentiel de 200 000 tonnes sur le plateau tibétain. Toutefois pas avant cinq à dix ans en raison des défis liés tant à l’altitude qu’aux infrastructures dédiées à l’énergie et au transport.

Compte tenu de ces délais, le Tibet pourrait contribuer à 25 % de la production globale chinoise, sans pour autant modifier la forte dépendance de la Chine vis-à-vis de ses importations de cuivre, calcule Christian Hocquard. Et la Chine devra poursuivre sa politique globale de joint-ventures, partenariats et acquisitions. Jiangxi Copper en Afghanistan, Chinalco au Pérou et Minmetals associé à China Development Bank au Chili montrent la voie. Contrôlé par Western Mining, avec une participation de Zijin Mining, Yulong devrait entrer en activité d’ici à août. Dans un premier temps, le complexe, qui comprendra une mine à ciel ouvert, une fonderie et une unité d’électro-raffinage, devrait produire 1 Mt de minerai et 30 000 tonnes de cuivre. Le gouvernement a approuvé la construction d’une extension de 250 km de la ligne de chemin de fer Golmud-Lhassa qui permettra de transporter le concentré jusqu’au Gansu, une province du sud-ouest de la Chine, où il sera traité dans la raffinerie de Jinchuan Nonferrous Metals.

En tant que région autonome, le Tibet peut garder les 2 % de royalties qu’il prélève sur les revenus cuprifères (4 % sur l’or). Mais les conditions difficiles peuvent rebuter certaines sociétés étrangères. En février 2008, South China Resources renonçait à l’acquisition du projet Zhunuo Copper, dénonçant les préventions du ministère à l’égard des investisseurs étrangers. Le Dalaï-Lama avait, dès 2003, recommandé aux sociétés minières étrangères d’éviter d’investir au Tibet. Continental Minerals fait d’ailleurs l’objet de pression de l’ONG Free Tibet.

Daniel Krajka


Rédaction L'Usine Nouvelle

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