Un logiciel qui scanne les réseaux sociaux expérimenté par le ministere de l'Intérieur
Le programme "X",
un logiciel espion surpuissant pour traquer les terroristes
C'est une arme fatale. Un logiciel qui scanne les réseaux sociaux en temps réel. Redoutablement efficace, terriblement intrusif, il est en expérimentation en ce moment au ministère de l'Intérieur. Et le magazine Marianne l'a testé en exclusivité.
Première démonstration avec Emmanuel Macron. L'opérateur tape le nom du président sur son clavier. La machine passe tout en revue : Facebook, Twitter, Instagram, LinkedIn, TikTok… Il recherche des données
concernant sa "target". En moins d'une minute, la messe est dite. Une foule de liens concernant le chef de l’État apparaissent sur l'écran. Tous ses comptes, évidemment, mais aussi 16 numéros de téléphones portables associés. Certains appartiennent effectivement au président, Marianne en a eu confirmation. Pas de secret pour ce logiciel qui est même capable d'extraire les données de WhatsApp, théoriquement chiffré, ce qui n'est pas très légal... WhatsApp, en principe crypté. « Mais si j’appuie sur l’icône WhatsApp, la machine va extraire tout votre WhatsApp, pour les services, ce réseau est une vraie passoire » révèle l’informaticien. Une extraction… pourtant hors la loi.
Géolocalisation en temps réel
La machine présente aussi une carte où la cible peut être géolocalisée en temps réel, via son téléphone. "Légalement, dit l'ingénieur, il faut des autorisations administratives mais, techniquement, l’informatique peut le faire en un clic."
S'agissant du président, on ne va pas jusque-là, mais on en apprend déjà beaucoup. Sur l'écran, autour de sa photo, on voit apparaître des nuages de points. Chaque point est un follower, ou un contact professionnel. "Il doit y avoir tout le gouvernement" dit l'ingénieur. avant de clore la démo. "On va en rester là, hein", conclut-il.
Il tape ensuite le nom du journaliste de Marianne. Et là encore, en quelques secondes, tout est déballé : les mails, les téléphones, les adresses... "En principe, explique l'ingénieur, tout ce que la machine déniche est public, puisque cela a été renseigné sur la Toile, sauf que si un humain essayait de retrouver toutes ces données une à une, il y passerait des mois, et il ne parviendrait pas à tout reconstituer."C'est déjà spectaculaire, mais ce n'est qu'un début. La machine peut ensuite faire des comparaisons entre deux cibles :
voir si elles sont en contact, découvrir leurs points communs, vérifier par mot-clé leurs messages... Et comme par magie,
toutes les connexions apparaissent.C'est évidemment une arme de poids contre le terrorisme. Nouvelle démonstration avec l'assassin de Samuel Paty. Ses données ont été supprimées par Twitter mais sauvegardées par l'Intérieur. Parmi ses followers, le logiciel repère ceux qui tiennent un discours radical et ceux qui ont "approuvé" la décapitation du professeur.
Sur Facebook, le logiciel peut aussi "se faire passer pour un ami", ce qui lui permet de naviguer incognito dans les profils,même les plus verrouillés… "Depuis des années, dit l'un des concepteurs du programme, les Américains surveillent tout Internet, mais ça leur coûte plusieurs milliards de dollars par an, et nous n’en avons pas les moyens"...
Les policiers en attente du logiciel
Pas de moyens mais des idées. D'où cette nouvelle génération de logiciels espions : une sorte de veilleur des réseaux sociaux,jamais fatigué, quasi infaillible. Exemple avec l’attentat de Nice : "Dans les premières heures, dit l'opérateur, plusieurs milliers de tweets haineux apparaissent. Mais si on trie pour ne garder que les comptes qui ont envoyé plusieurs tweets, ils ne sont plus que 400. Et si, parmi eux, on enlève les comptes hostiles au terroriste, on arrive à une cinquantaine d'islamistes radicaux potentiels. C’est beaucoup mais pas non plus des milliers. Ce sont ceux-là qu’il faut surveiller…"
Chez les policiers, l'attente est immense. Certains ne digèrent toujours pas d'avoir raté le jeune tchétchène qui a frappé à Conflans. "Son compte Twitter avait pourtant été repéré, dit un flic de terrain, mais c’est dans l’analyse qu’on n’a pas
été assez rapides".
source
Le programme "X", un logiciel espion surpuissant pour traquer les terroristes (marianne.net)
Un logiciel qui scanne les réseaux sociaux expérimenté par l'Intérieur (rtl.fr)