Intelligence émotionnelle — Wikipédia
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Les premières études sur l’intelligence émotionnelle (IE) sont apparues au début des années 1990 avec les travaux de Salovey et Mayer. Ils définissent l’intelligence émotionnelle comme « une forme d’intelligence qui suppose la capacité à contrôler ses sentiments et émotions et ceux des autres, à faire la distinction entre eux et à utiliser cette information pour orienter ses pensées et ses gestes[1]. »
Ces auteurs ont par la suite révisé leur définition de l’intelligence émotionnelle. Selon cette nouvelle définition, qui est aussi la plus généralement acceptée, l’intelligence émotionnelle désigne « l’habileté à percevoir et à exprimer les émotions, à les intégrer pour faciliter la pensée, à comprendre et à raisonner avec les émotions, ainsi qu’à réguler les émotions chez soi et chez les autres » (Mayer & Salovey, 1997).
Concept d’émotion
Les émotions sont reconnues comme étant un des trois ou quatre types d’opération mentale, à savoir : la motivation, les émotions, les cognitions et (moins fréquemment) la conscience[5]. Ces concepts sont définis selon la plupart de ces auteurs, tels que Mayer, Salovey et Caruso (2000) en font la synthèse.
Les motivations de base surviennent en réponse à des états internes et incluent donc des « moteurs » tels que la faim, la soif, le besoin de contacts sociaux et le désir sexuel. Le rôle des motivations est de diriger l’organisme dans la réalisation d’actes simples pour satisfaire les besoins de survie et de reproduction. Dans leur forme basique, les motivations suivent un cycle temporel relativement déterminé (ex : la soif augmente jusqu'à ce qu’elle soit étanchée) et sont généralement satisfaites d’une façon spécifique (la soif est satisfaite par le fait de boire).
En ce qui concerne les émotions, il semblerait qu’elles apparaissent chez les mammifères pour signaler les changements (réels ou imaginaires) dans les relations entre un individu et son environnement afin de fournir une réponse adéquate. Par exemple, la colère apparaît en réponse à une menace ou une injustice ; la peur apparaît en réponse au danger. Les émotions ne suivent pas un cycle temporel rigide mais répondent aux changements externes dans les relations (ou la perception interne de ceux-ci). De plus, chaque émotion organise plusieurs réponses comportementales de base à ces relations ; par exemple, la peur organise l’attaque ou la fuite. Les émotions sont par conséquent plus flexibles que les motivations, mais pas encore autant que ne le sont les cognitions.
Les cognitions, permettent à l’organisme d’apprendre de son environnement et de résoudre des problèmes dans des situations nouvelles. Ces apprentissages se font souvent dans le but de satisfaire les motivations ou afin de créer ou de maintenir des émotions positives. La cognition comprend l’apprentissage, la mémoire et la résolution de problèmes. Elle se fait en direct et implique un traitement intentionnel de l’information basé sur l’apprentissage et la mémoire (voir Mayer et al., 1997 pour une revue détaillée de ces concepts). Ces trois types d’opération mentale de base s’intègrent et se combinent dans une structure plus large (system framework) pour engendrer des mécanismes plus complexes pour former lapersonnalité d’un individu.
Conceptions de l’intelligence
Différentes significations sont données au terme d'intelligence. Toutefois, que l'on parle d’intelligence artificielle, d’intelligence humaine ou d'intelligence économique, toutes impliquent le fait de rassembler de l’information, d’apprendre de celle-ci et de raisonner avec elle ; elles impliquent toutes une habilité mentale associée à des opérations cognitives.
- Le modèle des habiletés mentales a été représenté dans sa forme pure par Terman (1921, p.128), qui affirmait que l’intelligence d’un individu était fonction de sa capacité à mener un raisonnement abstrait (voir l'article QI). En fait, les conférences académiques sur l’intelligence concluent immanquablement que le premier signe d’intelligence est un niveau élevé d’habiletés mentales tel que le raisonnement abstrait (Sternberg, 1997)
- Certains pensent que l’intelligence, conceptualisée en tant que raisonnement abstrait, s’est souvent révélée être un bon prédicteur de la réussite et plus particulièrement de la réussite académique, ce qui se révèle être faux. En effet s'il existe une corrélation dans une majorité de cas, cela s'avère faux concernant les personnes ayant un QI très élevé (supérieur à deux écart-types) où l'on trouve un taux d'échec scolaire très fort. Ainsi, Wechsler (1944, p. 444) disait déjà que des individus auxQI similaires pouvaient différer fortement dans leur capacité à maîtriser leur environnement.
Définitions
En tant qu’habileté
Peter Salovey et John Mayer qui ont été les premiers à utiliser l’expression « intelligence émotionnelle »[1] et, situe l’IE uniquement à l’intersection des cognitions et des émotions, ont depuis continué leurs recherches sur l’importance de ce concept (Mayer, Salovey, Caruso et Sitarenios, 2003). Ces auteurs soutiennent que les êtres varient dans leur capacité à traiter l’information d’une nature émotionnelle et leur capacité à établir un lien entre ce traitement émotionnel et la cognition générale. Ils posent ensuite l’hypothèse que cette capacité se manifeste dans certains comportements d’adaptation (Mayer, Salovey et Caruso, 2000).
Selon ces auteurs, l’intelligence émotionnelle comporte deux dimensions : la dimension expérientielle (la capacité à percevoir et à manipuler l’information émotionnelle ainsi qu’à y réagir sans nécessairement la comprendre), et la dimension stratégique (la capacité à comprendre et à gérer les émotions sans nécessairement bien percevoir les sentiments ou les éprouver complètement). Chaque dimension est ensuite divisée en deux branches qui vont des processus psychologiques de base aux processus plus complexes intégrant l’émotion et la cognition.
La première branche, celle de la perception émotionnelle, correspond à la capacité à être conscient de ses émotions et à exprimer ses émotions et besoins émotionnels correctement aux autres. La perception émotionnelle inclut également la capacité à faire la distinction entre des expressions honnêtes et malhonnêtes des émotions. La seconde branche, celle de l’assimilation émotionnelle, renvoie à la capacité à faire la distinction entre différentes émotions ressenties et à reconnaître celles qui influent sur les processus de pensée. La troisième branche, celle de la compréhension émotionnelle, est la capacité à comprendre des émotions complexes (comme le fait d’éprouver deux émotions en même temps) et celle de reconnaître les transitions d’une émotion à une autre. Enfin, la quatrième branche, celle de la gestion des émotions, correspond à la capacité à vivre ou à abandonner une émotion selon son utilité dans une situation donnée (Mayer et Salovey, 1997).
Modèles mixtes
Les modèles mixtes de l'intelligence émotionnelle diffèrent de façon substantielle, des modèles des capacités mentales. En fait, dans les premiers articles académiques sur l’IE, les deux types de modèles ont été proposés[6],[1]. Ces articles présentaient une conception « capacité mentale » de l'intelligence émotionnelle mais décrivaient également librement des caractéristiques de personnalité qui pourraient accompagner une telle intelligence tel que l’authenticité, le fait d’être chaleureux, la capacité à faire des plans pour le futur, la persévérance, etc[1]. Mais très vite, les mêmes auteurs ont reconnu que leur travail théorique serait plus utile s’ils se contraignaient à envisager l'intelligence émotionnelle comme une capacité mentale et qu'ils la séparaient des traits de personnalité mentionnés précédemment. En faisant cette distinction, il serait possible d'analyser indépendamment le degré d’influence de l’IE dans la vie d’une personne. Bien que les auteurs ne négligent pas l’importance des traits de personnalité comme la chaleur ou la persistance, il vaut mieux, selon eux, s'y intéresser directement (Mayer & Salovey, 1993, 1997).
Cependant d'autres chercheurs[Qui ?], continuant dans la voie initiale, ont étendu le concept d'intelligence émotionnelle en y mélangeant explicitement des traits n'appartenant pas au domaine des capacités. Il existe deux modèles mixtes majeurs, à savoir : le modèle de Reuven Bar-On et celui de Daniel Goleman.
Modèle de Bar-On
Directeur de l’Institut des Intelligences Appliquées du Danemark et expert-conseil auprès de nombreuses organisations enIsraël, Reuven Bar-On a mis au point une des premières mesures de l’intelligence émotionnelle en utilisant l’expression « quotient émotionnel ». Son modèle gravite autour du potentiel de rendement et de succès, plutôt que du rendement ou du succès comme tels, et est considéré comme étant orienté vers le processus plutôt que vers les résultats[7]. Il est centré sur une gamme de capacités émotionnelles et sociales, comprenant les capacités à (Bar-On, 1997) :
- être conscient de soi ; Intelligence Intrapersonnelle
- se comprendre et s’exprimer ; Humeur Générale
- être conscient des autres, les comprendre et entretenir des rapports avec eux ; Intelligence Interpersonnelle
- faire face à des émotions fortes ; Gestion du Stress
- s’adapter au changement et régler des problèmes de nature sociale ou personnelle ; Adaptabilité
Bar-On justifie comme suit son utilisation du terme intelligence émotionnelle : « L’intelligence décrit l'agrégation d'habilités, de capacités et de compétences [...] qui [...] représente une collection de connaissances utilisées pour faire face à la vie efficacement. L'adjectif émotionnel est employé pour mettre en relief que ce type spécifique d'intelligence diffère de l'intelligence cognitive » (Bar-On, 1997, p.15).
Dans son modèle, Bar-On distingue cinq composantes de l’intelligence émotionnelle : l’intrapersonnel, l’interpersonnel, l’adaptabilité, la gestion du stress et l’humeur générale. Ces composantes comportent des sous-composantes, toutes présentées au tableau 1 suivant [? pas de tableau?]
Selon Bar-On, l’intelligence émotionnelle se développe avec le temps, et il est possible de l’améliorer par la formation et lathérapie[7]. Bar-On pose l’hypothèse que les personnes qui ont un QE supérieur à la moyenne réussissent en général mieux à faire face aux exigences et aux pressions de l’environnement. Il ajoute qu’une déficience dans l’intelligence émotionnelle peut empêcher le succès et traduire l’existence de problèmes psychologiques. Par exemple, selon lui, des problèmes d’adaptation au milieu sont particulièrement répandus parmi les personnes qui présentent des déficiences sur les sous-échelles d’épreuve de la réalité, de résolution de problèmes, de tolérance au stress et de contrôle des impulsions.
En général, Bar-On estime que l’intelligence émotionnelle et l’intelligence cognitive contribuent autant l’une que l’autre à l’intelligence générale d’une personne, qui constitue par conséquent une indication de son potentiel de réussir dans la vie