Une tempête solaire tapera fort et nous laissera douze heures de préavis - Rue89 - L'Obs
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Les éruptions solaires, ces tempêtes de particules et de rayons envoyés dans l’espace par notre étoile, vont parfois en direction de la Terre. Ça peut donner de jolies aurores polaires, mais les plus fortes tempêtes peuvent aussi causer des dégâts : au réseau électrique, aux télécoms, satellites, transmissions en haute fréquence et à bien d’autres choses encore.
Et en cas de violente éjection de masse coronale (EMC), qui provoquerait des orages magnétiques sur notre planète, le délai risque d’être très court pour nous y préparer. C’est ce que présente le Guardian, qui cite le rapport [PDF] sur « la stratégie de préparation à la météorologie spatiale » (« Space Weather Preparedness Strategy »), que vient de publier le Bureau du cabinet, un servicerattaché au premier ministre britannique.
Ses auteurs soulignent :
« L’activité solaire peut produire des rayons X, des particules à haute énergie et des éjections de plasma de masse coronale. Quand une telle activité est dirigée vers la Terre, elle a le potentiel d’avoir un large impact. Cela inclut des coupures de courant, des perturbations de l’aviation, des pertes de communication et des perturbations (ou la perte) de systèmes de satellites. »
1859, la plus forte tempête solaire mesurée
Le pire scénario envisagé s’appuie sur la tempête la plus violente connue,l’éruption solaire de 1859. Les télégraphistes furent alors nombreux à prendre des décharges, mais depuis, notre vulnérabilité technologique a énormément crû, les réseaux électriques étant menacés.
Et le délai serait très court dans ce cas : les EMC émises du soleil dans notre direction mettent en général un à trois jours à nous parvenir. Mais en 1859, le trajet n’a été que de dix-huit heures, et une tempête violente ne nous laisserait pas plus de douze heures entre l’observation et l’impact, avertit le rapport.
Avec à l’arrivée des perturbations des réseaux de GPS et de communication par satellite, de composants d’appareils électroniques, et des radiations augmentées pour les passagers et équipages aériens, en particulier dans les régions polaires.
En cas d’alerte, les rapporteurs estiment que le National Grid – le réseau de transport d’électricité à haute tension, équivalent britannique de RTE en France – pourrait prendre des mesures d’urgence pour réduire les dommages en 30 minutes ; cette demi-heure étant le court laps de temps où les satellites d’observation pourront prévoir les zones les plus touchées. Depuis octobre 2014, la Météo nationale d’outre-Manche a un centre de prévision de météo spatiale ouvert 24 heures sur 24, et travaille avec le National Grid pour améliorer la résistance de son réseau.
Black-out en 1989 au Québec
En mars 1989, une variation du champ magnétique terrestre provoquée par un fort vent solaire a provoqué au Québec une panne générale d’électricité de neuf heures, après laquelle des mesures de protection ont été adoptées (réduction du transit en cas de perturbations, installation d’équipements de compensation, etc.).
La France est moins exposée au risque de black-out, selon RTE, en raison de son éloignement des pôles et de son réseau plus maillé qu’au Québec.
Cependant, le risque de tsunami solaire vaut pour toute la planète, rappelait le journaliste scientifique Pierre Barthélémy en 2012 sur son blog du Monde :
« Non seulement un tel événement [comparable à celui de 1859] mettrait à bas bien des réseaux électriques pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois, mais il s’attaquerait aussi aux oléoducs et aux gazoducs en accélérant leur oxydation, il détruirait probablement des satellites ainsi que de nombreux composants électroniques de divers appareils et couperait temporairement les communications radio et toute géolocalisation. »
Nous préparer à la tempête du millénaire
Son article citait un chercheur britannique spécialisé, Mike Hapgood, qui estimait dans un article publié par Nature que nous ne sommes pas prêts :
« De nombreux systèmes électriques menacés sont conçus pour résister à des événements tels que ceux que l’on a vus au cours des 40 dernières années : il est par exemple désormais requis que les nouveaux transformateurs soient capables de résister aux conditions subies en 1989.Le tremblement de terre et le tsunami japonais de l’année dernière [en 2011, provoquant la catastrophe de Fukushima, ndlr] montrent quels dangers il y a à se préparer pour faire face seulement à des événements semblables à ceux des dernières décennies. Au lieu de cela, nous devrions nous préparer pour une tempête spatiale comme on n’en voit qu’une fois tous les mille ans. »
Un rapport américain de 2009 a estimé qu’un tsunami solaire pourrait coûter aux seuls Etats-Unis 2 000 milliards de dollars et qu’il faudrait ensuite quatre à dix ans pour tout remettre en ordre. Comme le rappelle France 5, qui a consacré le 25 juillet un documentaire à la météo spatiale, l’Agence spatiale européenne (ESA) a créé en 2013 un Centre de coordination de météorologie de l’espace (SSCC).
Gare cependant aussi... aux rumeurs et fausses alertes, le ciel peut noustomber sur la tête, mais pas nécessairement tout de suite.