La plume est une vierge
Nous sommes aujourd’hui sous le choc que produisent les techniques numériques. Il ne faut pas le mésestimer. Il est profond. Il est brutal. Sans aucun doute des formes disparaîtront, de la même manière que le texte imprimé a réduit au silence certaines formes de pensée qui lui préexistaient. Dans la mémoire de l’occident, cela est peut être ancien, mais en Afrique, l’arrivée de l’écriture est encore à l’horizon des mémoires. Pour les civilisations africaines, le livre a d’abord été une plaie puisqu’il mettait en déroute les formes et les hiérarchies de l’oralité. Il était d’abord le lieu de “l’art de vaincre sans avoir raison” (Cheikh Hamidou Kane); il était un raccourci faisant l’économie des écoutes lentes et profondes. La plume est une vierge